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Mme SOMMEVILLE à Gauche, Ludivine, sa fille à droite |
Au moment où nous nous apprêtons à...
ouvrir la grille de cette grande ferme, située à Lorgies, au lieudit "l'ancien bourg", une veille, très vieille femme débouche de la cour, et vient vers nous à petits pas. Sa démarche hésitante, son visage ridé, et le blanc-bonnet qu'elle porte - vestige d'un autre âge - nous laissent supposer qu'il s'agit bien de la vénérable aïeule que nous cherchons. Nous ne nous sommes pas trompé : Mme Veuve Ignace SOMVILLE, née Célina DELVAL, qui vit le jour à Festubert, le 19 mars 1837 - c'est-à-dire il y a bientôt cent ans - s'en allait précisément faire "un petit tour" dans le village.
La voici maintenant assise, près de nous, à proximité de la cuisine, face à un décor de ferme qui lui est certainement gravé, dans les yeux d'une manière indélébile... Sa plus vieille fille, Ludivine, bien qu'âgée de 77 ans, trotte allègrement par tout le bâtiment, nous sert d'interprète, quand les exigences de la cuisine le lui permettent. Car sa mère est un peu sourde et elle a l'habitude du "parler de son pays". Ludivine nous est d'autant plus précieuse que sa mémoire est fidèle. Et, tandis qu'effrontément les poules passent et repassent devant nous, et que l'aïeule nous regarde en souriant, elle nous fournit sur sa mère les renseignements indispensables.
Une vie calme et régulière
Célina DELVAL, quand elle eut 23 ans, épousa Ignace SOMVILLE, de Beuvry, âgé, lui, de 46 ans. C'était un cultivateur. De son côté, Célina n'avait jamais connu que ce milieu. Les nouveaux mariés s'installèrent à Lorgies et commencèrent, en commun, un dur labeur. Les années passèrent à Lorgies et commencèrent, en commun, un dur labeur. Les années passèrent, dans une atmosphère familiale certe sans fantaisie, mais d'une régularité et d'un calme bienfaisante. Neuf enfants naquirent. Il en reste sept. Trois sont mariés : Zélie, Henri, Julienne, Zélie a quatre enfants et neuf petits-enfants ; Henri, un enfant et un petit-enfant ; Julienne : trois enfants.
Quatre des enfants de l'aïeule ne sont pas mariés. Ce sont : Ludivine, 77 ans ; Gaston, 63 ans ; Arthur, 59 ans ; Blanche, 57 ans. Tous quatre habitent ensemble, font marcher une importante culture, et entourent leur mère de soins attentifs et affectueux.
La vie de Mme Vve SOMVILLE s'est écoulée sans heurt, dans le travail et l'esprit de famille. Sa santé fut parfaite. Elle a bien fait. Il y a soixante-cinq, et en même temps que toute sa famille d'ailleurs, une "bonne" fièvre typhoïde. "Elle n'en est pas morte.", comme elle dit...
Elle connut l'occupation pendant la dernière guerre. On l’évacue sur Tourcoing, malgré ses protestations :
- V'là 70 ans que j'suis chi, avait-elle dit aux Allemands. Je n'partirait pont...
En 1915, elle fut rapatriée en France libre. Après la guerre, elle revint au pays.
Esprit lucide
Les années n'ont pas affaibli la lucidité de son esprit. C'est ainsi que lorsque Ludivine a parlé longtemps à son gré, elle lui dit :
- Ravisez un mollet à ch'poêle...ln'faut point l'laicher éteindre... (surveillez un peu le feu et ne le laissez pas s'éteindre).
Elle mange et dort bien. Elle n'a aucune infirmité.
- J'sus seul'mint un peu sourde, reconnaît-elle elle-même... Mais j'vos cor claire. (Je vois encore claire)
Elle nous confie qu'elle "raccommode encore ses bas". Avec des lunettes , bien entendu...
Il y aura un belle fête à Lorgies, en mars 1937, lorsque la commune fêtera les cent ans de MMe Vve SOMVILLE.
Quand nous partons, l'aïeule serra longuement notre main dans la sienne :
- Je vous souhaite grammint (beaucoup) d'bonheur, nous dit-elle...
Ses yeux sourient et mettent une note bien vivante dans sa veille figure ridée, aux tons de parchemin...
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A lire, l'article paru un an après cette rencontre, cliquez ici
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