Le 100ème anniversaire d'une brave habitante de Lozinghem
*************************************************
Il a été fêté hier dans la commune du Pas-de-Calais où elle demeure
******************************************************
Connaissez-vous quelque chose de mieux que de vivre au village, tout à "l'bonn'flanquette, au grand air, au milieu de ses champs, auprès de ses bons amis.", nous disait récemment grand mère Tantine, la centenaire de Lozinghem que toute la population du village accompagnait hier en la petite et rustique église du pays à l'heure où les cloches, sonnant à toute volée annonçaient l'anniversaire glorieux de Mme CORNET-BECU Constantine, plus familièrement appelée Tantine.
Oui
Grand-mère Tantine avait raison. La vie simple, active et ordonnée des
champs, l’air, l’espace, le soleil, la nourriture saine sont
certainement les principales causes de sa longue et heureuse existence.
Mais il est d’autres causes qu’elle n’ignore pas d’ailleurs car sa
reconnaissance pour ses petits enfants et arrières petits enfants est
infinie. Ce sont les soins jaloux dont ceux-ci l’ont entourée. C’est
encore la sollicitude affectueuse, la prévenance et l’amour qu’ils lui
ont prodigués qui ont fait de Grand-mère une centenaire.
La vie de la jubilaire ? Nous l'avons brossée récemment, au lendemain d'une visite que nous lui avions faite dans la petite ferme où elle est née et où elle a toujours vécu.
Son meilleur souvenir ? Elle nous l'a rappelé également et sans se faire prier ; ce fut le jour de ses noces ! Elle avait alors 32 ans. "C'est pas comme la jeunesse d'à présent, ajoutait-elle, dans son patois local. Les jeunes gens ou jeunes filles du jour d'aujourd'hui, courent les bals tous les dimanches, fréquemment à seize ans, rentrent tard chez eux : il s'usent avant l'âge!." Quel verdict sévère, n'est-ce pas, mais combien il est pardonnable, car grand-mère Tantine a raison de le dire, "les temps sont bien changés." Brave vielle.
Des belles cérémonies
Mais ce jour des noces dont le souvenir est resté si précieux va maintenant avoir son pendant dans le cœur de la vénérée centenaire qui, hier, n'a pu rester insensible aux marques d'estime, de sympathie et d'affection que lui ont prodigués ses amis de Lozinghem, d'Allouagne, d'Auchel et de Marles, venus par milliers fêter les 100 années d'existence de celle qui depuis Charles X, a vu défiler tous les événements : Napoléon, Crimée, Italie, la Campagne de 1870, celle de 1914-1918, avec sérénité d'une belle âme.
Hier donc, à l'entrée de la modeste église de Lozinghem, qui se trouve à proximité d'un des plus élégants châteaux de la région dont la construction primitivement au XVIe siècle, grand'mère Tantine, aux bras de ses arrière-petits enfants était reçue par M. l'Abbé TOFFARD, tandis que dans le choeur de la Chapelle trop petite pour contenir la foule qui voulait s'y presser, se massait : la Jeune France d'Allouagne, dirigée par M. CARON, l'Harmonie des Mines de Marles, la Chorale d'Auchel, dirigée par Mr GUILLEMAN, le Syndicat Agricole avec son drapeau.
A l'issu de la messe, grand'mère Tantine surprise - car on ne l'avait pas mise au courant de la cérémonie qui s'était organisée - et infiniment émue, s'en fut alors derrière la musique - comme au temps de sa première jeunesse - recevoir à la mairie communale les souhaits et compliments du maire, M. LEGRAND, qu'entouraient son adjoint, M. DUPUIS et les membres du Conseil municipal.
***********************************************************************************
Août 1930
MORT D'UNE CENTENAIRE A BETHUNE
On annonce la mort, à l'âge de cent ans et sept mois, de Mme CORNEZ, née Constantine BECU, née le 7 janvier 1830 à Lozinghem.
LES FUNERAILLES DE LA CENTENAIRE DE LOZINGHEM ONT EU LIEU DIMANCHE MATIN
Nous avons annoncé le décès de Mme CARNEZ, née Constantine BECU, morte le 13 août, à l'âge de 100 ans et 7 mois, dans la ferme de ses petits-enfants : M. et Mme MANIEZ-SERGENT.
Les funérailles de "Tantine", comme on l'appelait dans le pays ont eu lieu dimanche matin, au milieu d'une grande affluence.
La levée du corps fut faite à 09h30 par M. le curé de Lozinghem. Après la messe, le corps de la centenaire fut mené au cimetière du village où elle avait passée toute son existence dans l'amour du travail et entourée de l'affection de ses nombreux petits-enfants et arrière-petits-enfants qui la pleurent aujourd'hui.